Popularité facile sur MC ?
Vous passez des heures à fignoler votre histoire, vos personnages, la custo de vos poupées, vos photos, vos dialogues, mises en scène, gags... Après bien des nuits sans sommeil, ça y'est, vous êtes prêt à présenter le fruit de votre dur labeur au reste de la communauté francophone. Avec un index tremblant d'émotion, d'impatience et de peur, vous cliquez sur "créer un nouveau topic". Collé à votre écran, vous attendez, fébrile, les premiers retours de ce public critique et difficile, la respiration courte, les mains moites, votre univers tout entier réduit à ces quatre mots : Pas de Nouveaux Messages. Finalement, voyant la lumière décliner, vous regagnez votre lit dépité, une odeur de honte et de MSC vous accompagnant.
Vous n'êtes pas Populaire.
La Popularité, ce Graäl mystique qui hante les rêves de tous les BJDistes ! Quand on est Populaire, on devient plus beau, plus intelligent, plus riche ! Une armée de poneys-licornes viennent nous quérir chaque matin pour nous emmener au travail ! Et bien entendu, dans ce travail, on n'est pas un trouffion de base, non, pas de tâche ingrate quand on est Populaire ! Notre seule responsabilité est de trôner sur un lit à baldaquin, éventé par des esclaves sexy, pendant que la lumière de notre magnificence déferle sur nos inférieurs, guidant leurs pas vers la vérité ultime...
Mais comment atteindre cet idéal ? Oh bien sûr, vous pourriez perséverer, vous donner du mal, essayer de nouvelles choses... Mais non. Vous n'avez pas envie de vous fouler, pas envie d'attendre, pas envie d'être autre chose qu'une énième attention whore repue. Voilà trois façons simple d'y parvenir.
Alors je tiens tout de suite à vous prévenir :
si vous reconnaissez votre histoire/votre poupée dans les trois clichés ci-dessous,
il serait peut-être temps de remettre un peu en question votre travail.
La Petite Chose
Le pathos, c'est vendeur. Faites en des tonnes, il faut que même la mort de la maman de Bambi ait l'air d'un extrait d'une comédie sentimentale à côté. Plus votre poupée sera kyoute-kawaï-lolilol et plus son histoire sera triste et invraisemblable, plus vous recevrez de messages d'encouragements de bonnes âmes qui voudront réconforter le morceau de résine sans âme la Pauvre Petite Chose. Oui, parce que c'est émotif, ces petites bêtes-là. ¬¬ Point bonus, vous pouvez laisser entendre que vous êtes vous-même une Pauvre Petite Chose et vous gagnerez une armée de chevaliers servants qui vous protégeront de toute critique.
Yaoi
C'est bien connu, le sexe fait vendre. Chez les BJDistes, le yaoi rapporte des commentaires. Si vous avez lu mon article "J'irais chier des arcs-en-ciel sur vos tombes !" vous savez déjà ce que je reproche au yaoi en général : une intrigue plate, des persos sans profondeur (sauf anale), un sexisme à peine masqué, la romanticisation du viol et des relations abusives... Mais vu que la démographie travaillée par les hormones tient une place assez importante dans la population des collectionneurs, vous gagnerez votre lot de "iiiiiiiiiiiiiiiiiiih yaoiiiiiiiiiiiiiiii so kawaaaaaaiiiiiiii" sans trop de difficulté. Pour ce faire, c'est simple : prenez un personnage qui a l'air d'avoir 12 ans (de préférence un moule féminin avec juste la poitrine poncée), habillez-le comme une meringue/une domina SM. Vous tenez votre uke. Pour le seme, n'importe quel modèle fera l'affaire, tant qu'il est baraqué, bien membré, et maquillé comme Katrina l'aspirateur du bois de Boulogne. Point bonus, faites des allusions lourdingues au cul toutes les trois lignes, postez des photos à la limite du porno dans la galerie générale plutôt que dans la galerie réservée au plus de dix-huit ans : succès garanti.
Photoshop
Peut-être la méthode la plus simple des trois puisqu'elle ne demande aucun travail d'imagination. Il vous suffit de caler votre postérieur sur votre fauteuil d'ordinateur et de laisser la magie opérer. Règle n°1 : la photo n'a pas besoin d'être intéressante. Prenez en photo votre poupée raide comme une buche, debout sur le gazon, sans tenue/wig/make up/accessoires qui vaillent la peine d'être regardé. Si vous êtes perfectionniste, vous pouvez vous arranger pour que même la station debout semble la moins naturelle possible (cou tordu à des angles impossibles, coudes déboités, chevilles tordues, mains inversées...). Règle n°2 : il n'y a jamais trop de bokeh. Si vous n'arrivez pas à obtenir un bel effet bokeh naturel, pas de soucis, photoshop est là pour ça ! Plus il y en a, mieux c'est. Règle n°3 : si vos couleurs ne donnent pas l'impression qu'un bonbon Haribo a vomi dessus, you're doing it wrong ! Règle n°4 : si aucun bonbon Haribo ne veut vomir sur votre horreur oeuvre, vous pouvez toujours utiliser la technique du "c'est pas terne, c'est vintage !". Le but de la manoeuvre est de donner l'impression que votre buche poupée est en plein trip à l'acide voyage onirique à travers le pays des fées.
Point bonus ? Utiliser cette technique pour illustrer une histoire utilisant les deux précédentes : une histoire yaoi glauque au possible pleine de drama à dix centimes et de bokeh synthétique.