L'oubliée
Parfois il arrive qu'une chose vous manque. Une chose bénine, minable, un accessoire, pensiez-vous. Vous pensiez mal. Sans elle, la dérisoire, l'univers semble sens dessus dessous, vous vous embourbez dans un marasme de synonymes, d'analogies bidons, un amalgame gauche de faux bonds de la langue. Mais je m'égare. Reprenons.
Elle vous manque. Mais face au besoin impérieux de faire sans, vous vous débrouillez. Vous accompagnez le réel avec du bricolage, un brin de débrouillardise, un peu comme on cale une chaise bancale avec du liège. Sans arriver à faire une illusion absolue, vous parez au plus pressé : cahin-caha, le jour coule selon son fil. A la fin, vous serez épuisée, mais fière de vous.
Vous maquillerez vos erreurs sous un fard d'hommage à un grand écrivain, mais vous vous garderez bien d'évoquer la soirée organisée le vendredi soir chez vous, les amis, les rires, la bière renversée sur le mac... Non, rien de cela ne sera révélé au public ébaubi par le don sûr que vous possédez pour la langue française. Personne ne saura que vous avez failli pleurer de rage alors que vous acheviez ces lignes, la colère unie aux caprices de vos humeurs noires.
Mais vous devez demeurer sans mensonges pour vos fans (innombrables).
VOILA LA CLEF DE L'ENIGME :
Une pièce de mon clavier ne marche plus, saurez-vous deviner laquelle ?