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Le sanctuaire de la feinte Trini-thé
19 juin 2011

Boulimie

Un petit bout de texte, vu que j'ai pas d'inspi pour bitcher cette semaine (je trouve plus mon stylet de wacom, et sans dessins, c'est vachement moins marrant de râle amha)...

*********

J'ai toujours faim. Même quand j'ai l'estomac plein, même quand la simple idée de manger me donne envie de vomir. J'ai juste cette Pulsion qui me tiraille. Il faut que j'avale quelque chose. N'importe quoi. Une pomme, du jambon, du chocolat, une boîte de maïs, le fond du mont-blanc format familial, des rillettes de thon, des cornichons, n'importe quoi. Il FAUT que je mange, au moindre stress, au moindre chagrin, dès que je m'ennuie. Je n'arrête pas de manger de la journée. Bouffe bouffe bouffe.

Je déteste mon corps. Je veux le gommer. Sous une couche de graisse. Que ce corps de femme devienne un gros corps de mère, tout en rondeurs pour pouvoir enlacer les autres. Un corps sans sexualité. Un tas de graisse flageolant, qu'on me foute la paix, qu'on arrête de me regarder, qu'on détourne le regard quand je passe. Je veux qu'on me haïsse. Je veux dégoûter, perturber, gêner, déranger, gerber mon existence à la face du monde.

Je déteste mon corps. Je le veux mince, imberbe, attirant, d'une blancheur de marbre huilé. Je veux qu'on me regarde et qu'on m'idolâtre. Pas qu'on me désire. Le désir me répugne. C'est sale. Les hommes et leurs bites ridicules, les femmes et leurs chattes suintantes. Il n'y a rien de plus grotesque que le désir humain. Rien de plus laid. Ça pue la sueur, le sang et le sexe, c'est poisseux et âcre, trop de douleur et pas assez de plaisir.

Je passe des heures sous la douche, dans la salle de bain.

Dans le miroir, je me regarde et je ne m'aime pas. Vilaine peau. Des boutons. La dermato dit que ça n'est pas de l'acné, que c'est génétique, que ça s'estompera avec l'âge et qu'il n'y a rien à faire en attendant. Joie. Gros nez. Yeux cernés. Bouche petite. Dents à l'émail génétiquement jaunâtre, lui aussi. La peau du cou qui pendouille juste un peu, l'air de me dire "regarde, tu vois, il n'y a qu'un pas jusqu'au double menton, qu'est-ce que tu attends ?". Mes seins trop lourds qui me font mal au dos. Mon ventre mou et blême comme un poisson mort. Mes cuisses épaisses. Le tout tacheté de grains de beauté, une tâche de naissance en forme de larme sur la hanche. Grains de beauté, mon cul. Graines de cancer, oui !

Dans la cuisine, comme aimantée vers le frigo. Je suis accroc au sucre. Une tablette de chocolat et pendant quelques instants, je me sens bien. Une brève montée de bonheur et d'énergie... Vite chassée par la culpabilité. Je vais encore grossir... Double dose, aussitôt. Repeindre ma vie couleur pâte d'amande. Je mange pour oublier que je mange.

Et ma mère à côté. Qui me parle comme si c'était simple. "Marche, mange moins !" Elle ne connaît pas cette faim dévorante qui me pousse à bouffer ma propre vie. Qui fait qu'au bout de dix minutes de marche, j'ai besoin de rentrer à la maison et de manger un truc.

Ces derniers temps, je me dis que si la bouffe me donnait subitement des hallucinations, je ne serais pas surprise.

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