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Le sanctuaire de la feinte Trini-thé
21 mai 2011

Quand je serais grande...

... je serais gosse de riche. Mais il paraît que c'est compromis, parce que mes parents ne sont pas (assez) riches pour ça. Papa, maman, une fois de plus vous m'empêcher de révéler mon potentiel de parasite social, je ne vous remercie pas. J'ai bien essayé de me faire adopter, mais il parait que je fais pas assez exotique pour Angelina Jolie. Too bad.

Donc il a fallu que je choisisse une carrière. Voyons, "gosse de riche"... ce qui s'en rapproche le plus, c'est "riche", tout court ! Je ne peux pas être athlète, je suis une loque humaine, même les limaces me dépassent à la course à pieds, et les enclumes se foutent de ma gueule quand elles me voient sauter. Sans parler de mon sens extrême de l'équilibre. On oublie le foot, le basket et le patin à glace, donc. Je ne peux pas être chanteuse, je n'ai ni le physique de l'emploi, ni la voix pour compenser. La danse, on fait une croix dessus, en plus d'être une loque, je n'ai aucun sens du rythme. Actrice ? Naaaaah, j'ai les genoux qui tremblent rien que de penser à monter sur les planches. Politicienne ? Rooooooh pfffff, trop de taffe. Scientifique ? Hm heu... j'ai pas les bonnes cases pour ça. Bon, je sais faire quoi, à part transformer mes aliments en caca ? Ooooh ! Je sais sculpter ma purée !

EURÊKA ! Je serais artiste, mais pas n'importe quelle artiste, un truc original. Artiste céramiste. Illumination suprême, je m'en vais faire mes études.

Quelques année plus tard, me voilà sur le marché du travail... Mes études ne m'ont pas préparée au monde réel. Loin de là. Je suis diplômée en arts appliqués. Dans le monde merveilleux du travail, ça veut dire que je suis inemployable, ou presque. 

On me dit que ces trois ans sont des années en trop, ou en pas assez. On me dit que pendant ces trois ans, j'aurais dû faire ceci, ne pas faire cela, me professionnaliser, choisir la gestion plutôt que l'argile. On me dit que je suis trop qualifiée pour ce poste, pas assez pour celui-là. On me dit que, de toutes façons, je n'ai pas assez d'expérience. En fait, on m'explique que je suis une espèce de pièce de tétris un peu chiante, qu'on ne peut caser nulle part.

Au final, à moi le monde de l'intérim, et c'est assez folklo.

 

Pour vous expliquer comment ça marche : je suis inscrite dans une boite d'Interim X, qui m'a trouvé du boulot dans l'entreprise de télémarketing Y. C'est donc X qui me paye et me fait signer mes contrats (à renouveler chaque semaine), mais c'est Y qui donne l'argent à X, avec une commission en plus. Vous suivez ? Tant mieux, parce que ça devient compliqué.

 

Y travaille pour sa part pour plusieurs entreprises (des marques de voitures notamment). Citons en exemple la marque Vroom Vroom. Vroom Vroom veut qu'Y appelle 20 000 personnes pour leur vanter la voiture Tchoutchou. Y va donc embaucher un certain nombre d'intérimaires pour faire le sale boulot. Donc, dans l'absolu, je bosse pour X qui bosse pour Y, pour Y qui bosse pour Vroom Vroom, et pour Vroom Vroom qui bosse pour sa gueule parce que c'est des connards. Je précise que je n'ai pas de triple salaire.

 

Mon boulot est simple : je reste 7 heures par jour devant un écran d'ordinateur, un casque sur les oreilles, à écouter des musiques d'attente atroces (que même Pink Fluffy Unicorn Dancing on Rainbows, en comparaison c'est intellectuel et puissant), dans l'espoir que quelqu'un va décrocher et répondre à mon questionnaire débile, pour que je puisse (peut-être) atteindre mon quota et pas me faire virer. 

Ah oui, voici quelques règles à retenir si vous voulez travailler dans le monde merveilleux du télémarketing :

- Dans le télémarketing, on ne "harcèle" pas les gens, on les "relance".

- Dans le télémarketing, la clim n'est pas "en panne", on est "écolo".

- Dans le télémarketing, on n'est pas "fliqués", on est "motivés".

- Dans le télémarketing, vous n'êtes pas "fatiguée", vous êtes "remplaçable".

- Dans le télémarketing, vous n'êtes pas un "esclave", juste "intérimaire".

- Dans le télémarketing, on ne "vire" personne, on "déstaffe".

J'aime bien le terme "déstaffer". Ça veut dire qu'on ne renouvelle pas votre contrat la semaine suivante MAIS que PEUT ÊTRE on vous redonnera du boulot plus tard, sur une autre mission. Ça me fait penser à un médecin qui dirait "Je n'ai pas remis vos organes en place, MAIS peut-être que vous aurez l'appendicite, comme ça, ça me donnera l'occasion de rouvrir et de mettre de l'ordre là-dedans !"

Et vous savez ce qui m'énerve ? C'est que 90% du temps, un contact téléphonique, ça se passe comme ça :

contact

Oui, parce que dans le télémarketing, vous n'avez pas de nom personnel, vous vous appelez tous Gudule Landru, et tant pis si la personne contacté trouve bizarre d'avoir été contactée par trois Gudule Landru différents, un homme, une femme et un chat persan. Ne pas prendre les gens pour des cons, mais ne pas oublier qu'ils le sont...

Et donc, avant même d'avoir eu le temps d'en placer une :

fail

Faut comprendre la secrétaire. Déjà c'est son boulot. Ensuite, à sa place, je répondrais pas non plus à un questionnaire louche lancé par une marque de bagnoles pas vraiment connue pour sa qualité. Maiiiiiis il faut me comprendre aussi. Je passe entre 400 et 500 appels par jour. A la fin de la semaine, la secrétaire, j'ai envie de l'éventrer avec un couteau à huîtres.

Ce boulot aura au moins eu le mérite de m'apprendre à manipuler les autres, de me montrer qu'il existe des gens encore plus pédants que moi, que certaines mairies et organismes ont des musiques d'attente... spéciales (sérieusement, appelez le conseil de Seine et Marne, un jour, pour voir) et que j'avais des gros tics de langages.

Vivement mon chèque.

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Commentaires
M
Vu ce que tu avais écris sur MC, j'en déduis que tu as été "déstaffée". J'compatis avec toi ;)<br /> Mais je dois t'avouer que je suis amoureuse de la chanson que tu as mise :))
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